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Bien manger !

Ce que l'on dire aujourd'hui...

GLOBALEMENT

Sans être négligeable, l'influence de l'alimentation est peut être moins importante que ce que l'on prévoyait il y a encore quelques années.
L'obésité l'excès de graisse abdominale et la forte corpulence augmente les risques de cancers de l'œsophage, du pancréas, du côlon, du sein après la ménopause, du rein et de l'endomètre et certaines hémopathies malignes.
L'alcool est un carcinogène de classe I (IARC). Il augmente le risque de cancers ORL, de l'œsophage, du sein et du côlon.
La viande rouge et la charcuterie augmente significativement les risques de cancer du côlon, du poumon et de l'estomac.
La consommation de poisson diminuerait la fréquence des cancers du côlon et du rectum.
Les fruits et les légumes diminuent probablement les risques de cancers ORL, de l'œsophage et de l'estomac.
Les fibres peuvent contribuer à la diminution du risque de cancer côlon.
La supplémentation, en antioxydants ou en vitamines n'a aucun impact sur les risques de cancer. La supplémentation en bêta-carotène augmenterait le risque de cancer du poumon chez les fumeurs.
Quelques études seraient plus positives vis-à-vis de la supplémentation en sélénium.

APRES UN CANCER

Les recommandations émises par les sociétés savantes proposent aux patients après un cancer (toutes localisations confondues) de suivre les recommandations en vigueur pour la population générale en prévention des cancers : atteindre et maintenir un poids de forme ; avoir une alimentation riche en céréales complètes, légumes secs, fruits et légumes ; limiter la consommation d’aliments riches en matières grasses ou sucres ; limiter la consommation de viandes et charcuteries ; limiter la consommation d’alcool et ne pas recourir aux compléments alimentaires en l’absence d’indication médicale.

 

recommandations diététiques de la Société Américaine du Cancer

  • Manger des aliments sains et variés, avec au moins 5 fruits ou légumes par jour
  • Préférer la consommation de céréales complètes aux sucres et autres aliments raffinés
  • Limiter la consommation de viande rouge et tout spécialement les viandes « transformées » et riches en graisse

LES FRUITS ET LES LÉGUMES

CE QUE L'ON SAIT... 

Le rôle protecteur des légumes et des fruits est retrouvé dans presque toutes les études cas-témoins réalisées dans différentes régions du monde (Amérique du Nord et du Sud, Europe, Chine, Singapour, Inde ou Iran). Ce résultat est trouvé dans 18 études cas-témoins sur 22 dont les résultats ont été obtenus après ajustement sur la consommation d’alcool et de tabac. 

LES PRINCIPES ACTIFS

Ils sont apparemment nombreux mais les études manquent encore pour établir des recommandations. Les aliments présentant le plus de preuves scientifiques de propriétés chimioprotectrices sont : 

  • Le brocoli
  • Le curcuma
  • La quitercétine qui a fait l'objet d'études dans la polypose adénomateuse (FAP), le cancer de l'ovaire et le cancer du pancréas
  • L'ail
  • Les extraits de grenade, en particulier dans le cancer de la prostate avec effet retardant sur la rechute biologique
  • Le thé vert, dans le cancer de la prostate... 

 

LE RÉGIME MÉDITERRANÉEN 

Les polyphénols de l’huile d’olive, le revastrol du vin rouge et les lycopènes de la tomate sont des anti-oxydants contenus dans le régime méditerranéen. Celui-ci est basé sur une alimentation riche en fruits, légumes, légumineuses, poisson et faible en viande rouge. Il aurait, selon certaines études, un effet préventif du cancer du côlon.

 

LES FACTEURS PROTECTEURS

Aliments

Principe chimio-protecteur

Légumes et fruits

Tomate
Carottes
Grenade
Artichaut
Choux
Graines de soja
Fenouil, anis, coriandre 
Raisins rouges et les baies rouges 

 

Lycopène
Bêta-carotène
Acide ellagique
Silymarine
Sulforaphane
Génistéine
Anéthol
Resvératrol

Aromates

Ail 
Laurier
Clou de girofle
Gingembre 
Aloès
Piment rouge
Curcuma
Thym, romarin

 

Diallyl sulfide, ajoène, S-ally cystéine, allicine
Oléandérine
Eugénol et isogénol
6-gingérol
Emodine
Capsaïcine
Curcumine
Acide ursolique

Thé vert
Miel

Catéchines
Acide caféique, CAPE

Les fibres alimentaires

LE CAS DU CANCER DU CÔLON

Ce que l'on a observé
En Afrique, le cancer du côlon est relativement rare. Les cas recensés affecte plutôt le côlon droit, ce qui plus inhabituel en Europe. Une des explication avancées serait que les fibres dilueraient les carcinogènes. Il faut cependant noter que les études d’intervention sont, à ce jour, négatives.

The European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition
L'enquête européenne (EPIC) a été menée dans 10 Pays Européens depuis 1993 a porté sur 520 000 adultes âgés de 25 à 70 ans et a été publiée par la revue britannique The Lancet (2003;361:1496-1501) . Elle a montré une relation inverse entre la quantité de fibres dans l’alimentation et l'émergence de cancers du côlon, un effet protecteur plus important pour les cancers du côlon (réduction relative du risque de 28 % (intervalle de confiance 3 à 47 %).
Chez les patients ayant des apports en fibres faibles, il a été noté qu'un doublement des apports en fibres pourrait diminuer les cancers colorectaux de 40 % avec cependant un effet moins net pour les cancers du rectum

The Polyp Prevention Trial Study Group
Cette étude américaine a porté sur 2079 patients et a été publiée dans The New England Journal of Medicine (2000;342(16):1149-55). Elle a comparé l'influence de la consommation de fibres alimentaires et d'un régime pauvre en graisses chez des patients ayant eu un polype adénomateux du côlon retiré dans les 6 mois précédents. Les résultats de l'étude ont été négatifs et aucune réduction de risque n'a été observée.

LE CAS DU CANCER DU SEIN

Plusieurs petites études sembleraient montrer un certain effet protecteur.

LES RECOMMANDATIONS

Le Plan National Nutrition-Santé (2001) propose d'augmenter la consommation des aliments riches en glucides et fibres alimentaires de 50 %. Les apports nutritionnels conseillés (2000/2001)  sont d'augmenter l’ingestion journalière de fibres alimentaires à 25 voire 30 g/Jour.

Les différents types de fibres alimentaires

Fibres solubles Fibres insolubles

Inuline 
Guar gum 
Fructo-oligosaccharides 
Galacto-oligosaccharides 
Galactomanane 
Pectine 
Psyllium

Cellulose 
Hémi-cellulose 
Lignine 
Méthylcellulose 
Calcium polycarbophile

Les compléments alimentaires

QUELQUES DÉFINITIONS

Les macro-nutriments
Ils sont représentés, par exemple, par les glucides, les protéines, les lipides, les fibres alimentaires.
 

Les micro-nutriments
Le terme de micro-nutriment regroupe deux catégories de substances : les vitamines: A, E, C,  les vitamines du groupe B, y compris l'acide folique (vitamine B9) ainsi que certains minéraux comme le calcium, le sélénium, le fer, le zinc ou le molybdène qui agiraient de la même façon
Les micro-nutriments sont essentiels au métabolisme des macro-nutriments (glucides, lipides, protides). Ils ont des fonctions communes : celles de cofacteurs ou de coenzymes, et celles de neutralisation des radicaux libres.
Leur apport énergétique propre est nul.

Les non nutriments
Ils auraient un rôle d'antioxydant et de stimulant de l'immunité. Ils seraient, de plus, impliqués dans la différenciation et la croissance cellulaire. Ils comprennent , les monoterpènes ,contenus dans les agrumes, les dithiolethiones, contenus dans les crucifères et aussi les alliques et les polyphénols, …

CE QUE L'ON SAIT

La Vitamine A, le bêta-carotène et les caroténoïdes
La plupart des études ont donné des résultats discordants et sont, en général, décevantes, comme par exemple :

  • Un effet discutable de la vitamine A sur la prévention des récidives des cancers de la peau
  • Aucun effet ou une augmentation du risque de cancer du poumon chez les gros fumeurs montré dans les études ATBC (J Natl Cancer Inst 1996;88:1560-70) et CARET (beta-Carotene And Retinol Efficacy Trial - J Natl Cancer Inst  1996;88:1550–9
  • Des résultats discordants des étude de prévention des cancers de la sphère ORL par les rétinoïdes (isotrétinoïne ou acide 13-cis-rétinoïque) ou le β-carotène donnés à des patients porteurs de lésions pré-malignes ou pour la prévention d'un second cancer

D'autres études ont été plus positives, en particulier sur l'intérêt des lycopènes, surtout contenus dans les tomates pour le cancer de la prostate.
Bien que certaines études sur le cancer du sein et du poumon aient montré l'intérêt des rétinoïdes, il existe toujours un débat sur la pertinence de cette approche.

La supplémentation en vitamines forte doses
Les études, en particulier chinoises, se sont toutes soldées par un échec. Il en va de même d'une récente avec l'acide folique. A l'opposé, des essais portant sur la consommation de cucifères se sont révélées intéressantes.

Les antioxydants
La méta-analyse, publiée dans The Lancet (2004;364(9441):1219-28), a porté sur 14 essais ayant enrôlé plus de 170 525 patients, comparant la prise d'antioxydants à la prise de placebo en prévention des cancers digestifs. Cette analyse a montré qu'il existe, une augmentation significative du risque relatif de la mortalité de l'association β-carotène et la vitamine A est de 1,3 (intervalle de confiance 95 % de 1,14 à 1,45) et de l'association β-carotène aet de vitamine E est de 1,1 (de 1,01 à 1,20). A l'opposé, le β-carotène seul n'a pas d'influence significative.
Dans quatre essais, de qualité moyenne, la prise de sélénium serait associée à un effet favorable sur l'incidence des cancers du tube digestif.

l’étude SU.FOL.OM3

LE RATIONNEL

L’objectif de cette étude était d'évaluer l’intérêt d’une supplémentation en vitamine B et/ou acides gras oméga 3 sur le taux d’apparition de différents cancers.

LE DESSIN DE L’ÉTUDE
 
Initialement, l’étude SU.FOL.OM3 avait comme objectif principal d'évaluer l’impact de ces compléments alimentaires en prévention secondaire chez des patients ayant présenté un accident cardiovasculaire. Dans cet essai, 2 501 patients âgés de 45 à 80 ans ont été inclus pour recevoir, pendant 5 ans, un placebo ou 3 types de compléments alimentaires :

  • Vitamines du groupe B : B9 0,56 mg, B6 3 mg et B12 0.02 mg
  • Oméga 3 : acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque (600 mg) dans un rapport de 2:1
  • Vitamines du groupe  B et oméga 3


LES RÉSULTATS

Rien...
Cent soixante quatorze cancers (7 %) ont été détectés pendant la durée du suivi de 5 qui concernaient 145 hommes et 29 femmes. La mortalité par cancer fut de 2,3 %.
Globalement les résultats ne montrent pas de différence signification entre le groupe placebo et les groupes des patients ayant reçu des compléments alimentaires, en termes d'incidence de cancers.

Un effet délétère possible...
Chez les femmes recevant des oméga 3, l’analyse a permis de mettre une augmentation significative du risque de cancer par 3 (HR=3,02 ; Intervalle de Confiance 95% de 1,33 à 6,89).

CE QU'IL FAUT EN RETENIR...

Les compléments alimentaires n’ont probablement pas d’action délétère sur les facteurs de promotion des cancers déjà existants. Aucune étude ne permet d'affirmer ou d'infirmer un effet des compléments alimentaires sur l'initiation de cancers.

Quelques suggestions...

Facteurs Recommandations
Corpulence Être aussi mince que possible 
IMC compris entre 18,5 et 25
Activité physique Être actif au quotidien
Aliments et boissons favorisant la prise de poids Limiter les aliments à forte densité calorique 
Éviter les boissons sucrées
Aliments d'origine végétale A consommer principalement 
Au moins cinq portions (400 g) par jours
Aliments d'origine animale Limiter la consommation de viande rouge (moins de 500 g/semaine) 
Éviter la charcuterie
Boissons alcoolisées Limiter à une boisson par jour pour les femmes; deux pour les hommes
Conservation/préparation Limiter la consommation de sel à 6 g/jour 
Éviter les aliments salés et conservés par salaison
Compléments alimentaires Chercher à satisfaire les besoins nutritionnels uniquement par l'alimentation 
Les compléments ne sont pas recommandés

Aliments les plus riches en fibres pour 100 g

  • Céréales All Bran : 27 g ; blé soufflé : 8 g ; flocon d’avoine : 7 g
  • Noix de coco séchée : 23,5 g ; noix de coco fraîche : 13,6 g
  • Levure alimentaire : 22 g
  • Haricot blanc cru, sec : 21 g ; haricot blanc cuit : 8 g ; petit pois cuit : 6,1 g ; lentille crue sèche : 11,7 g
  • Figue sèche : 18,5 g ; pruneau sec 16 g
  • Fruit de la passion : 15,9 g ; groseille : 8,2 g ; cassis : 8 g
  • Farine de seigle : 15,3 g
  • Amande : 15 g ; datte sèche : 8,7 g ; cacahuètes : 8,4 g châtaigne : 6,8 g
  • Farine de soja : 11,6 g
  • Sésame : 11 g
  • Farine de blé complet : 9 g ; pain complet : 8,5 g
  • Raifort râpé : 8,3 g

     

Pour conclure...

  • Diminuer l’apport calorique total : lutter contre l’obésité
  • Augmenter l’apport en fruits et légumes (5/jour)
  • Être très méfiant vis-à-vis des compléments vitaminiques : l'effet est discutable, voire délétère
  • Adopter une alimentation méditerranéenne
  • Éviter certains modes de cuissons : cuissons hautes températures, cuissons à flamme nue, friture des graisses
  • Assurer une bonne conservation des aliments

Mise à jour

10 avril 2021