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Dépistage

Y a t il des méthodes de dépistage fiables ?

OUI & NON...

Le gynécologue dispose de trois méthodes pour détecter la maladie mais il faut savoir, que prises isolement, aucune des méthodes n’est suffisante. Les trois techniques sont :

  • L’examen gynécologique
  • L'échographie pelvienne
  • Le dosage dans le sang du marqueur tumoral le CA-125  et du HE4


Lorsque les trois techniques sont pratiquées simultanément, elles peuvent être très utiles pour le diagnostic de la maladie à son stade initial. Néanmoins, la précision (spécificité) de ces tests est insuffisante pour qu’ils puissent être proposés comme tests de dépistage dans l’ensemble de la population à risque standard de développer la maladie.

Un dépistage organisé est encore difficile actuellement...

LES MOYENS

L'échographie pelvienne transvaginale (ETV)
Les premières études portant sur un dépistage par échographie transvaginale et/ou par la mesure du marqueur tumoral CA-125 n’ont pas débouché sur des résultats concrets, même lorsqu’elles ont ciblé des populations à risque.

Le dosage du CA-125
Le CA 125 a globalement une sensibilité de 80 % et une spécificité de 97 % dans les cancers épithéliaux de l’ovaire.
Sa sensibilité n’est que de 30 à 50 % dans les stades I et son élévation peut être liée à de nombreuses autres causes malignes ou bénignes. De ce fait, les spécialistes considèrent que la spécificité et la sensibilité du CA-125 sont insuffisantes pour l’utiliser comme seul marqueur dans le dépistage.

L'échographie pelvienne transvaginale couplée à des dosages réguliers du CA-125
C'est l'option combinant les deux méthodes de dépistage non invasives.

LES GRANDES ÉTUDES

L'étude PLCO* (Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian Screening Trial)
Cette étude a été menée entre novembre 1993 et juillet 2001. Elle a inclus 78 216 femmes âgées de 55 à 74 ans et ses résultats publiés dans la revue JAMA  (JAMA 2011;30:2295-2303). Les patientes volontaires ont été réparties en deux groupes. Un groupe (n = 39 105) s'est vu proposé un programme de dépistage systématique du cancer de l’ovaire combinant des dosages réguliers du CA-125 pendant 6 années consécutives et une échographie transvaginale pendant 4 ans et un groupe témoin (n = 39 111), a fait l'objet d'une surveillance « standard ».
La durée médiane du suivi a été de 12 ans (de 11 à 13 ans). Le principal critère de jugement a été la mortalité imputable au cancer de l’ovaire.
Un cancer de l’ovaire a été diagnostiqué chez 212 femmes dans le groupe "dépistage" et 176 dans l’autre groupe "standard". Le nombre de décès liés à ce cancer s’est élevé à 118/212 (55 %) dans le groupe "dépistage" et à 100/176 (57 %) dans l’autre groupe.
Le nombre de faux-positifs (patientes considérées comme atteintes par la maladie ; diagnostic non confirmé par la suite) de la stratégie "dépistage" a été estimé à 3 285 (8 %), avec en corollaire en suivi chirurgical chez 1 080 participantes.

Les résultats de cet essai tendent à montrer qu'un dépistage systématique avec dosage répétés du CA-125 et ETV n’a pas incidence significative sur la mortalité imputable à ce cancer. De plus, les faux-positifs peuvent conduire à une surveillance agressive et des gestes chirurgicaux non utiles

L’étude UKCTOCS**

Deux approches de dépistage ont été comparées avec aucun dépistage à partir d’une groupe de 202 562 femmes âgées de 50 à 74 ans : mesure du taux de CA-125 + ETV pour seulement les femmes jugées à haut risque ou échographie pelvienne transvaginale seulement.
Avec un suivi de 16·3 ans, 2055 cancers de l'ovaire ont été diagnostiqués. Pour la stratégie comportant deux visites annuelles, le dosage du CA125 et une écho-transvaginale, 522 (1·0%) cancers ont été détectés sur 50 625 patientes. Pour l'autre option, écho-endovaginale annuelle seule,  517 (1 %) cancers ont été diagnostiqués sur 50 623 patientes suivies. Enfin, en l'absence de screening, 1016 (1 %) cancers ont été découverts sur 101 314 patientes suivies. Aucune différence significative de mortalité n’a été observée à 16.3 ans entre les groupes « dépistés » et « non dépistés ».  

 

*  Natl Cancer Inst 2012;104:125-32.
** Lancet. 2015 Dec 17. pii: S0140-6736(15)01224-6. doi: 10.1016/S0140-6736(15)01224-6.

Un dépistage licite CHEZ LES FEMMES À HAUT RISQUE

Ce sont des patientes chez lesquelles on a mis en évidence une mutation génétique et celles, qui ayant une hérédité familiale, n’ont pas fait l'objet de tests génétiques. Il s’agit essentiellement des femmes ayant :  

  • Des cas familiaux de cancers de l’ovaire
  • Une mutation  BRCA1 , surtout, ou BRCA2
  • Un cancer colorectal non polyposique,  HNPCC ou syndrome de Lynch II.
     

Ces patientes peuvent bénéficier, à partir de 35 ans, d’un dépistage annuel comportant une échographie pelvienne et un dosage du CA-125.   

Les recommandations actuelles

A ce jour, aucune donnée validée ne permet d’envisager un dépistage organisé de la maladie. Cette position est commune aux différents organismes nationaux et internationaux s’occupant de santé publique.

Le National Institute of Health (NIH - USA 1994) et l'US Preventive Services Task Force (USPSTF - 2018)

Dans la population générale
Toutes les femmes doivent avoir un examen gynécologique annuel. Cependant, il n’y a pas d’argument pour proposer un dépistage systématique chez les femmes n’ayant pas d’antécédents familiaux ou un seul antécédent au premier degré.

En cas d’antécédents familiaux
Une femme ayant un antécédent familial au premier degré et qui ne participe pas à un essai thérapeutique, pourra considérer que son risque est suffisant pour qu’elle soit dépistée malgré l’absence de données prospectives.
Pour les femmes ayant des antécédents familiaux, au premier degré de deux ou plus de cas de cancer, il n’existe pas de données prouvant que le dépistage est bénéfique. En raison du risque de cancer héréditaire un conseil d’oncologie génétique peut être proposé afin d’estimer leur risque individuel.

Pour les patientes ayant un syndrome de cancer héréditaire (avec une pénétration autosomique dominante de 80 %) le risque atteint 40 %. Il n’existe pas de données démontrant la réduction de mortalité grâce au dépistage. Cependant, un dosage annuel des CA-125 et une ETV annuelle sont recommandés. Après 35 ans ou après les grossesses, une ovariectomie bilatérale est proposée. Il persiste cependant un risque de carcinomatose péritonéale.
 

La Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer FNCLCC et de la Société Française d’Oncologie Gynécologique (SFOG 1999)

Pour les femmes sans histoire familiale de cancer de l’ovaire, le dépistage systématique de masse ou individuel du cancer de l’ovaire par échographie et/ou le dosage du CA 125 n’est pas indiqué.
Pour les patientes ayant des antécédents familiaux de cancer ovarien, une consultation d’oncologie génétique peut être proposée.
Chez les femmes présentant un risque de cancer défini génétiquement et dans le cadre des formes familiales de cancer ovarien, les experts recommandent de mettre en place un dépistage ciblé et évalué dans le cadre d’une étude prospective organisée.

Mise à jour

15 mai 2021