Les cancers des voies aérodigestives supérieures

Une région où se croisent les voies aériennes et digestives

UNE RÉGION TRÈS COMPLEXE ANATOMIQUEMENT

Les ORL divisent les VADS en plusieurs sites distincts : la cavité orale, les différents segments du pharynx et le larynx.

Cavité buccale comprend :

  • Lèvres rouges - vestibule labial / jugal - gencives - régions rétromolaires
  • Le plancher de la bouche (buccal )
  • Langue mobile (jusqu’au V lingual à sa partie postérieure)
  • Le palais

 Le nasopharynx ou rhinopharynx appelé cavum

Il est situé à la base du crâne et comprend aussi la paroi pharyngée postérieure en regard (où se développent les végétations adénoïdes).

L'oropharynx comprend principalement :

  • La base de langue (les cancers de cette région sont décrits au chapitre cancer la langue)
  • Le voile du palais et ses piliers
  • Les amygdales linguales et palatines
  • La paroi postérieure du pharynx en regard

 Le pharyngo-larynx (hypopharynx) cette zone anatomique comprend :

  • Les sinus piriformes
  • La paroi pharyngée postérieure en regard
  • La région allant jusqu’à la bouche œsophagienne
     

UN RÔLE TRÈS IMPORTANT...

Elles permettent les fonctions d’alimentation (mastication, déglutition), d’articulation, de phonation, de respiration, tout en protégeant le poumon, des risques d’inhalation.

Les régions anatomiques

 

Segments

La complexité des sous-segments

3 régions de l'hypopharynx Sinus piriforme (repli) 
Paroi pharyngée postérieure (depuis l’os hyoïde à l'os cricoïde) 
Région rétro-crico-aryténoïdienne
La cavité buccale La langue mobile 
Le plancher buccal 
Le palais dur 
La commissure intermaxillaire (CIM) en arrière du trigone rétro-molaire et à cheval avec l’oro-pharynx (sillon glosso-amygdalien) 
Les joues, les gencives et les régions
3 étages du larynx

L’étage sus-glottique 

  • Épiglotte (bord libre, face laryngée, pied)
  • Margelle laryngée
  • Bandes ventriculaires 
  • Ventricules de Morgani (repli) 

 L’étage glottique 

  • Cordes vocales 
  • Commissures antérieure et postérieure 

 L’étage sous-glottique 

  • Cône élastique sur environ 1,5 cm de hauteur
Nasopharynx
  • L’orifice tubaire et le bourrelet tubaire en avant 
  • La fossette de Rosenmüller en arrière
Oropharynx 
  • En haut le voile du palais et la luette
  • En bas les vallécules (espaces de réflexion situés entre en avant la base de la langue, et en arrière la face linguale de l'épiglotte
  • En bas et en avant, la base de la langue
  • Latéralement les loges amygdaliennes et les amygdales palatines
  • En arrière la paroi postérieure de l'oropharynx se poursuivant en haut avec la paroi postérieure du cavum et en bas avec la paroi postérieure de l'hypopharynx

 

Des maladies fréquentes et diverses

Les cancers de la cavité buccale, de l’oropharynx, de l’hypopharynx et du larynx

Ils frappent essentiellement l’homme (95 % des cas), leur maximum de fréquence se situe entre 45 et 70 ans. Ils sont dus essentiellement à l’association de deux substances cancérigènes : tabac et alcool.
L’infection à papillomavirus (HPV16 dans 85 % des cas) est fortement suspectée d’être liée à l’émergence de certains cancers de l’oropharynx. Elle est de plus en plus fréquente et représente maintenant près d'un tiers des cancers diagnostiqués. Ceci souligne l'intérêt de la vaccination anti-HPV, quel que soit le sexe...
Il s’agit le plus souvent de carcinomes épidermoïdes. Ils s’accompagnent souvent d’adénopathies au niveau du cou sauf pour le cancer glottique. Les métastases pulmonaires, hépatiques, osseuses, cérébrales sont rares.
Les spécialistes recherchent toujours un cancer associé :

  • Synchrone (en même temps), surtout au niveau de l’œsophage, du poumon ou d'un autre cancer des VADS
  • Secondaire ou métachrone (après le traitement du premier cancer) qui s'observe chez environ 20 % des patients qui peuvent, alors, développer un deuxième cancer des VADS et dans environ 10 % des cas au niveau du poumon.

 Le cancer de l’ethmoïde

C'est un cancer dû aux poussières de bois. C’est une maladie professionnelle reconnue pour les travailleurs du bois, Les hommes de plus de 50 ans sont les plus touchés. Il s’agit d’adénocarcinomes.

Les du cancers du rhinopharynx

Il affecte le plus souvent des sujets d’Asie du Sud-Est ou nord-africains. Il est dû au virus d’Epstein-Barr (EBV).
Il s’agit d’un carcinome indifférencié (UCNT : Undifferentiated Carcinoma of Nasopharyngeal Type).

Les cancers de l’hypopharynx (sinus piriforme)

C'est presque toujours un carcinome épidermoïde bien différencié du sinus piriforme. Il frappe essentiellement les hommes (95 % des cas) agés entre 50 à 60 ans.Le sinus piriforme (en forme de poire) est la région du pharynx située en arrière du larynx.
Les tumeurs limitées de cette région formes sont rares. En revanche, les formes totales sont les plus fréquentes envahissant à la fois angle, parois interne et externe réalisant soit une forme haute soit une forme basse qui intéresse le fond du sinus piriforme et envahit aussi la bouche œsophagienne.Il reste grave malgré les progrès thérapeutiques.

Le cancer de la paroi postérieure

Il se développe à bas bruit et ne touche que rarement le plan vertébral mais remonte vers l’oropharynx ou atteint en bas la bouche œsophagienne.

Le cancer rétro-cricoïdien

Cette localisation est associée rapidement à une atteinte de la bouche de œsophage.

 

Localisation des tumeurs
  • Bouche (25 % des cas)
  • Oropharynx (25 %)
  • Larynx (25 %)
  • Hypopharynx (15 %)
  • Cavum (7 %)
  • Cavités aériennes de la face (3 %)

Epidémiologie en 2018

DANS LE MONDE

Des cancers masculins

C'est, dans le monde la 7ème localisation de cancers.
Selon les statistiques de 2016, on dénombrait 1,1 million des cas incidents et une prévalence de 4,1 millions de cas entrainant approximativement 500 000 décès. Ce sont les hommes qui paient le tribut le plus fort avec un sexe-ratio allant de 4 à 9 hommes pour une femme. Ces tumeurs représentent environ 15 % de la totalité des cancers chez l’homme et seulement 2 % chez la femme !
Leur incidence et leur localisation sont variables selon le sexe et les zones géographiques.
L'âge médian lors du diagnostic est de 60 ans, néanmoins, l'incidence chez le jeunes adultes en raison de l'augmentation des cancers liés à une infection par le Papillomavirus (HPV).
Les facteurs de risque principaux demeurent le tabac et l'abus d'alcool et plus récemment les infection à HPV.
Dans près de 90 %, il s'agit de cancers de type épidermoïde.  

Leur cause

Elle est encore mal connue. Cependant, il existe des facteurs épidémiologiques habituellement associés à ce pathologies comme le tabac, l'alcool ou les infections à Papillomavirus (HPV). Rappelons que la vaccination anti-HPV est, pour les deux sexes très efficace pour prévenir l'apparition de ce type de cancers/

Le pronostic de ces différentes affections

Il est fonction d'un diagnostic précoce. Celui-ci repose sur la détection devant tout symptôme d’appel des VADS et de la région cervicale, surtout si ce symptôme est fixe, unilatéral et persiste plus de trois semaines. 

EN FRANCE

Les chiffres en 2018
Ce sont aussi des pathologies fréquentes (4ème chez l’homme, 20 % des cancers), avec une incidence annuelle de 16 000 nouveaux cas.
On observe une forte disparité entre les régions du Nord et du Sud. Par exemple, les Haut de France, la Bretagne, la Normandie et le Grand Est ont un taux d’incidence supérieur de 20 % et plus à la moyenne nationale. Il existe, aussi, de fortes inégalités sociales de mortalité.
Environ 70% des cas affectent les hommes entre 50 et 70 ans. Par ordre de fréquence décroissant, il s'agit :

  • Des cancers de la cavité buccale, dont le cancer de la langue : 25 %
  • Des cancers du larynx : 30 %
  • Des cancers de l'oropharynx : 15 %
  • Des cancers de l' hypopharynx : 12 %
  • Des cancers du rhinopharynx, dont les cancers du cavum : 5 %
  • Des cancers des glandes salivaires : 6 %
  • Des cancers des sinus de la face (éthmoïde, sinus) :  <1%

 Le pronostic

Ce sont des cancers de pronostic variable selon la localisation. Il faut souligner d'une part la fréquence de l'envahissement ganglionnaire cervical dont dépend le pronostic et, d'autre part, la fréquence des cancers multiples, c'est-à-dire des doubles localisations au niveau des VADS ou pulmonaires ou œsophagiennes. .
La survie nette à 5 ans est de 37 % chez les hommes et de 50 % chez les femmes. La survie à 10 ans est respectivement de 18 % et de 22 %. De fait, ces tumeurs occasionnent 38 % des décès par cancer chez les hommes de 45 à 55 ans, ce chiffre n’étant que de 2 % chez la femme.


@ Pour en savoir plus « Cancer - les chiffres »

Les principes du traitement

GLOBALEMENT

Les traitements dépendent principalement du site de la tumeur et de son stade, du type histologique, l'implication ou non du Papillomavirus et de votre état général et vos préférences.
Les objectifs du traitement est d'obtenir un taux de guérison élevé tout en minimisant les séquelles à court et long terme.

LES MOYENS

La chirurgie traditionnelle ou robotisée dépend de la taille de la tumeur, son stade et l'atteinte ou non des ganglions. La chirurgie est toujours suivie d'une étape de reconstruction.
La radiothérapie à un rôle très important et peut, dans certains cas se substituer à la chirurgie.
La chimiothérapie comprend les médicaments cytostatiques (chimiothérapie conventionnelle) à base de sels de platine et de taxanes. Elle est donnée selon plusieurs modalités : d'induction, adjuvante ou concomitamment avec la radiothérapie.
Maintenant cet arsenal s'est complété par l'utilisation des thérapies ciblées, comme le cetuximab, et plus récemment de l'immunothérapie. Cette dernière est maintenant souvent proposée en première ligne de traitement.

Mise à jour

27 avril 2022