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Epidémiologie

Définition

HISTORIQUEMENT
Le terme métastase, du grec metastasis « je change de place », est apparu au XVIème siècle pour désigner les tumeurs secondaires à une tumeur primitive. Ce phénomène est individualisé en tant qu’objet de recherche à partir de 1889, date de la publication dans le Lancet 571–573, 1889 par J. Paget de l’hypothèse "seed and soil".

ACTUELLEMENT
Le processus métastatique est défini comme "une dissémination de cellules néoplasiques dans un site secondaire (ou de plus grand ordre) non contigu et distant, au sein duquel ces cellules prolifèrent pour former une masse extra-vasculaire de cellules incomplètement différenciées".

Les métastases osseuses sont fréquentes

POURQUOI ?

Destruction et formation de l'os...
Le tissu osseux est un filtre à cellules et est très richement vascularisé, situation propice à une colonisation par les cellules tumorales.
Les lésions osseuses malignes résultent d’un déséquilibre, la destruction étant plus importante que la formation dans l’ostéolyse et inversement dans l’ostéo-condensation.
Les deux types de lésions coexistent le plus souvent avec prédominance de l’une ou l’autre.

Plusieurs types de lésions...
Les métastases osseuses prennent le plus fréquemment un caractère ostéolytique (excès de destruction osseuse), parfois ostéocondensant (excès de formation osseuse) ou mixte.

CE QUE L'ON SAIT...

Souvent dès le diagnostic...
Lors du diagnostic initial de la maladie, on estime qu'environ 20 % des patients présentent déjà une diffusion métastatique d’emblée. Pour les 80 % dont le bilan initial était normal, environ 50 % présenteront avec un délai plus ou moins long, des métastases.
Lors du diagnostic de la maladie, on estime que près de 60 % des patients présentent une dissémination métastatique, au moins microscopique qui ne peut, avec les techniques actuelles, être détectée aisément.
C'est la base du rationnel des traitements systémiques adjuvants.

Les mécanismes intimes
Le phénotype des tumeurs à pouvoir d'engendrer des métastases n’est pas encore connu dans le détails. Les hypothèses le plus souvent avancées suggèrent l’accumulation au hasard de mutations aboutissant à un phénotype possédant une capacité à métastaser. D’autres facteurs sont aussi importants dans le processus métastatique, comme :

  • L’absence de molécules d'adhésion (intégrines) qui pourrait faciliter la libération de cellules métastatiques à partir de la tumeur initiale
  • La présence de facteurs permettant à la cellule métastatique de survivre dans la circulation lymphatique ou sanguine et de contourner les défenses immunitaires de l’hôte
  • L'existence de facteurs, comme les facteurs angiogéniques, permettant aux cellules de s’implanter dans un site secondaire et de s’y développer pour former la métastase.
     

 SITES DES MÉTASTASES OSSEUSES
Un tiers des patients atteints d’un cancer voient se développer des métastases osseuses au cours de leur maladie, dont 70 % au niveau du rachis, principalement thoracique et lombaire. Sont aussi souvent touchés, le pelvis (63%), le crâne (35%), les cotes (77%) et les régions proximales de l'humerus et du fémur (53%). En revanche, le squelette appendiculaire et distal est très peu concerné (environ 1% des cas).

Dans la plupart des cancers...

COMMENT ?
Les tumeurs osseuses secondaires, ou métastases osseuses sont des tumeurs osseuses les plus fréquentes. Elles correspondent à la localisation et au développement, dans le tissu osseux, de lésions tumorales à partir de cellules ayant migré par voie hématogène ou lymphatique, à partir d’une tumeur primitive.
Pour qu’une lésion secondaire osseuse puisse se développer, il est nécessaire que des cellules de la tumeur primitive aient les propriétés requises pour passer dans la circulation, y survivre, puis trouver des facteurs d’ancrage au niveau osseux et enfin pouvoir s’y développer. Ceci explique que, bien que la quasi-totalité des cancers puissent donner les localisations osseuses secondaires, certains soient plus souvent ostéophiles, comme les tumeurs du sein, de la prostate, de la thyroïde, du poumon et du rein.

QUAND ?
La dissémination osseuse peut précéder ou être contemporaine d’une atteinte viscérale.
Cependant, elle survient, le plus souvent, plusieurs mois ou années qui suivent le traitement du cancer primitif ; les métastases osseuses peuvent, alors, être le mode de découverte initial de la maladie. Dans ce cas, la maladie sera d’emblée généralisée.

QUELLES CONSÉQUENCES ?
Le pronostic d’un cancer avec métastases osseuses reste sombre mais est variable selon la nature de la tumeur primitive.

Les cancers ostéophiles et les autres...

LES CINQ LOCALISATIONS ...
Ls métastases osseuses ont pour origine un cancer sein (70% ), un cancer prostatique (85%), un cancer du poumon (40%), un cancer du rein (40%), ainsi que lors d'un myélome multiple ou elles sont présentent dans 95% des cas. Du fait de la forte prévalence de ces types de cancers, ils sont pourvoyeurs de plus 80% des cas de métastases osseuses.

LES AUTRES CANCERS PRIMITIFS
Ils sont beaucoup plus rarement responsables de métastases osseuses. Il s’agit :

  • Des hémopathies malignes : les lymphomes sont plus rarement métastatiques au niveau osseux que le myélome
  • Des cancers digestifs, surtout le côlon ou le pancréas
  • Les cancers génitaux, testicule, utérus (col et endomètre) et ovaire
  • Les cancers du foie primitifs comme les hépatomes
  • Les cancers de la sphère ORL, larynx, langue et cavum
  • Le sympathoblastome, chez l’enfant

Il faut savoir qu’en dépit d’examens approfondis, dans un quart des cas environ, le cancer primitif n'est pas retrouvé.


CE QUE CONFIRMENT LES GRANDES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES…
Lors du diagnostic initial du cancer primitif, tous stades confondus, 21 % des cancers du poumon ont des métastases osseuses, 14 % des cancers du rein et seulement 2,5 % des cancers de prostate et 0,5 % des cancers du sein. Les résultats des études, portant sur de grandes séries, révèlent des métastases osseuses dans :

  • 95 à 100% des myélomes
  • 50 à 80 % des cancers du sein
  • 65 à 75 % des cancers prostatiques
  • 40 à 60 % des cancers de la thyroïde
  • 30 à 40 % des cancers du poumon
  • 20 à 25 % des cancers du rein
  • 30 à 40 % des mélanomes
     

PLUS RAREMENT EN CAUSE
Les cancers plus rarement responsables de métastases osseuses sont :

  • Les hémopathies malignes (lymphomes) hors myélome
  • Les cancers digestifs (côlon ou le pancréas)
  • Les cancers génitaux, testicule, utérus (col et endomètre) et ovaire
  • Les cancers du foie primitifs
  • Les cancers de la sphère ORL

Dans 25 % des cas environ, le cancer primitif n'est pas retrouvé  !

CE QUE L'ON SAIT DE LEUR ORIGINE...

Lors de la dissémination des cellules tumorales de la lésion primitive à l'os, elles utilisent un mécanisme similaire au mécanisme physiologique des cellules souches hématopoïétiques pour rejoindre la niche des cellules souches hématopoïétiques dans l'os en utilisant un système de guidage chimique, le chimiotactisme. Les cellules tumorales expriment alors un récepteur.

Ce n'est pas la cellule tumorale qui résorbe directement l’os mais elle détourne à son profit l'activité des ostéoblastes et des ostéoclastes normaux présents dans le tissu.
Il se crée localement, entre la cellule tumorale et les cellules osseuses en place, ostéoblastes et ostéoclastes, un « cercle vicieux ». La cellule tumorale produit des facteurs qui stimulent la résorption osseuse et freinent la formation osseuse. L'augmentation de résorption libère des facteurs de croissance de la matrice osseuse qui stimulent à leur tour la croissance des cellules tumorales générant un cercle vicieux.

QUELQUES DONNÉES CHIFFRÉES

Localisation Incidence Révélatrices Aspect à la radiographie
Sein 50 à 80 % 10 % Lytique ou condensant
Prostate 65 à 75 % 30 % Condensant
Thyroïde 40 à 60 % 2 % Lytique
Rein 30 à 50 % 10 % Lytique
Poumon 30 à 50 % 20 % Lytique
Digestif 5 % 5% Lytique
Autres   13 % Lytique ou condensant

Les conséquences de la présence de métastases osseuses...

Elles se traduisent par les symptômes suivants (Skeletal-related events - SRE) :

  • De la douleur, pouvant nécessiter une radiothérapie
  • Des fractures pathologiques
  • Des compressions médullaires avec un risque de paraplégie ou de quadriplégie
  • De l’hypercalcémie
  • D'une chirurgie osseuse, d'une radiothérapie à visée antalgique ou décompressive


Quel que soit le type de cancer, les localisations préférentielles sont rachidiennes puis costales puis aux os longs. Les métastases rachidiennes demeurent celles les plus à risque, en nombre, de complications.

Les métastases osseuses, en résumé....

  1. Les plus fréquentes métastases
  2. Plus des deux tiers ont pour origine le cancer du sein, du poumon, de la prostate, du rein, de la thyroïde
  3. Près de moitié des localisations secondaires des cancers chez 30 à 70 % des patients
  4. Sites les plus atteints sont le rachis lombaire et thoracique, le bassin, les côtes, le sternum, les fémurs, les humérus, le crâne
  5. Posent un problème local et général...

Mise à jour

22 novembre 2022