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chez la femme

Tout d’abord…

UN BOULEVERSEMENT...

Le cancer et ses traitements ont des conséquences à la fois sur le psychisme et sur le corps et toutes les phases de la réponse sexuelle peuvent être touchées :

  • Une baisse ou disparition du désir, c’est-à-dire de la motivation à s’engager dans une activité sexuelle ou érotique ; les études révèlent que c’est la phase la plus perturbée par la maladie : " Je n’ai pas la tête à ça ", " Je n’ai plus envie de faire l’amour "...
  • Des troubles de l’excitation qui se traduisent chez la femme par un défaut de lubrification rendant la pénétration désagréable, voire douloureuse (dyspareunie)
  • Des difficultés pour maintenir l’excitation et pour obtenir un orgasme...

 


POUR TENTER DE L'EXPLIQUER, UN PETIT RAPPEL DE PHYSIOLOGIE…

Les androgènes
Ce ne sont ni les œstrogènes ni la progestérone produites par les ovaires qui provoquent le désir sexuel chez la femme. La preuve en est, qu’à la ménopause, au moment où il y a cessation de l’activité des ovaires, le désir sexuel ne disparaît pas… En fait, ce sont les androgènes qui permettent à la femme de ressentir le désir sexuel.
Chez la femme, les androgènes sont produits par les glandes surrénales et les ovaires. Lors de la ménopause, les glandes surrénales continuent de produire des hormones, en particulier des androgènes en petites quantités mais suffisantes pour engendrer du désir.

Les œstrogènes
Lors de l’excitation sexuelle, ce sont eux qui sont à l’origine des modifications anatomiques du vagin, longueur et largeur et des sécrétions assurant sa lubrification, Lorsque le taux hormonal d’estrogènes est bas, comme au moment de la ménopause, en dépit d’un désir sexuel important, le vagin peut rester étroit et sec. Dans ce cas, on parle d’atrophie vaginale.

Le système nerveux
De même, lors de l’excitation sexuelle, un message de plaisir est envoyé au cerveau et l’orgasme se déclenche au moment où ce signal est le plus intense. Durant l’orgasme, les muscles du périnée se contractent. Le relâchement musculaire provoque des ondes de plaisir dans la région génitale et au-delà, de la détente et de la satisfaction.

CE QUE RÉVÈLENT LES ENQUÊTES…

L'âge, d'abord ...
Plusieurs études ont confirmé une relation entre l'âge et la sexualité des survivants de cancer. Ainsi, il a été clairement montré que les femmes plus âgées (âge ≥ 65 ans) sont beaucoup plus susceptibles de cesser toute activité sexuelle après une chirurgie gynécologique.

Les autres facteurs
Les facteurs perçus comme les plus importants par les patientes et pouvant significativement modifier leur vie intime sont les suivants, par ordre d’importance décroissant :

  • L’existence de séquelles gênantes, comme une colostomie, une mammectomie complète,
  • Le fait d’avoir été traitée par chimiothérapie,
  • La prise régulière de tranquillisants, d’antidépresseurs ou de somnifères, depuis l’annonce du diagnostic
  • Le fait d’avoir une activité sexuelle irrégulière au moment du diagnostic

Pour retrouver une vie intime satisfaisante…

EN PARLER ET ÊTRE BIEN DANS SA TÊTE...

L’harmonie, la confiance et une bonne communication avec votre partenaire jouent un rôle essentiel dans la sexualité après.
Il est important que le couple intègre les éventuelles modifications physiques et psychologiques et que chacun reprenne confiance quant à son pouvoir de séduction.
Se parler, s’écouter et se comprendre entre partenaires est une démarche importante et souvent déterminante pour qu’une compréhension existe de la part de celui qui n’est pas traité. Cela contribuera, lorsque cela est nécessaire, à réinventer un nouveau mode de rapports sexuels avec de nouvelles caresses et/ou moyens d’excitation ou d’obtention de l’orgasme.


LES MOYENS

Régler au mieux les problèmes techniques

Certains de ces troubles sont temporaires, d’autres, plus rarement, sont définitifs.
Les troubles liés au stress et à l’anxiété, à la perte du désir, pas ou peu d’orgasme, peuvent trouver une issue favorable assez rapidement lorsque les traitements sont terminés et que la confiance et l’espoir sont revenus.
Il en est de même pour les réactions aiguës liées au traitement, comme par exemple, l’irritation des organes ou l’inflammation des tissus après une irradiation.
Dans certains cas, il vous faudra trouver la ou les positions adaptées à cette nouvelle situation.


Maîtriser les symptômes de ménopause précoce...
Après une ovariectomie, ou lorsque l’activité ovarienne est arrêtée par la chimiothérapie ou par la radiothérapie pelvienne, le manque d’œstrogènes va provoquer des bouffées de chaleur et une atrophie vaginale.
Les bouffées de chaleur sont surtout ressenties la nuit. Le désintérêt pour le sexe est davantage lié à l’inconfort produit qu’à une modification hormonale.
Assez rarement, votre médecin pourra vous proposer, un traitement substitutif, en sachant qu’il est contre-indiqué chez les femmes traitées pour un cancer du sein ou du corps de l’utérus.

Les femmes qui ont une ménopause induite ont parfois un faible taux d’androgènes ce qui peut affecter la libido...
 Si leur taux est très bas, un traitement peut être utile tout en sachant qu’une masculinisation, voix grave et augmentation de la pilosité est possible.


Le traitement des bouffées de chaleur
Il fait appel à une gamme réduite de produits surtout dans les suites d'un traitement d'un cancer du sein ou de l'utérus.
Certains médicaments de la dépression comme les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) comme le minalcipran (Ixel
) ou la venlafaxine (Effexor) sont efficaces pour traiter ces symptômes.
De même, on pourra vous proposer la prise de gabapentine (Neurontin
™ et génériques) ou de prégabaline (Lyrica™ et génériques).
Récemment, il a été démontré que le Senshio
(ospémifène) avait une action positive.

Lutter contre la sécheresse vaginale
C'est très important pour faciliter la reprise des rapports sexuels. Des solutions existent et on pourra vous proposer les solutions suivantes :

  • Des huiles essentielles sont efficaces pour assouplir les muqueuses et diminuer les douleurs ainsi que certaines huiles cicatrisantes, comme le Vea™ Olio ou la crème Cicalfate™
  • Des gels non hormonaux comme le Replens™, le Monasens ou le Mucogine™ , les ovules à l'acide hyaluronique (Cicatridine™) qui semblent plus appropriés dans certains cas
  • Des gels hormonaux comme le promestriène (Colpotrophine™) en capsules vaginales , s’il n’y a pas de contre-indication médicale

 

Souvent, on vous proposera de l’associer à un antiseptique au début. Sachez que la vaseline, elle, n’est pas recommandée car elle peut favoriser une infection vaginale.

Surmonter la dyspareunie
La douleur au moment des rapports sexuels est l’une des plaintes les plus fréquemment évoquées par les femmes.
Elle est peut être due aux changements de position du vagin, en cas de chirurgie sur le petit bassin.  Elle peut rendre inconfortables certaines positions que vous aviez l’habitude de prendre lors des rapports.
Des modifications de la muqueuse vaginale peuvent apparaître lors d’un traitement modifiant l’équilibre hormonal se traduisant par une sècheresse vaginale, à l'origine de douleurs.
Après une radiothérapie pelvienne ou une curiethérapie, une atrophie vaginale est fréquente. Le vagin peut  devenir plus étroit et plus court. Des douleurs et une sensation de brûlure peuvent apparaître lors des rapports sexuels.
Parfois, la douleur est liée à une contracture involontaire et invincible de l’entrée du vagin, le vaginisme, empêchant toute pénétration. Il faut se rappeler que la lubrification vaginale ne devient maximale qu’après une phase d’excitation. De ce fait, un rapport sera d’autant moins douloureux que la phase d’excitation sera longue.
Le risque d’infection urinaire existe, mais peut être minimisé par une habitude simple, vider sa vessie immédiatement après chaque relation sexuelle.
En cas de vaginisme, parlez-en à votre médecin car cette difficulté n’a aucune tendance à guérir seule avec le temps. Cette peur intense de la pénétration peut être traitée par des thérapies cognitives et comportementales chez un sexologue.

Après le traitement d'un cancer du sein

L’OPÉRATION SUR LE SEIN

Le fait de perdre un sein, ou plus encore les deux seins chez une femme ayant plus tard une autre tumeur, est traumatisant. L'effet secondaire sexuel le plus commun découle de l'amoindrissement de son sentiment d'être attirante. Dans notre culture, les seins sont considérés comme partie essentielle de la beauté et de la féminité. Si un de ses seins est enlevé, une femme peut se demander si son partenaire va l'accepter et la trouver aussi sexuellement attirante qu'auparavant. Les seins et les mamelons sont aussi des sources de plaisir pour beaucoup de femmes. Les caresses des seins font partie des préliminaires amoureux dans notre culture. Certaines femmes atteignent l'orgasme à la seule caresse de leurs seins et, pour beaucoup d'autres, les caresses des seins ajoutent à leur excitation sexuelle.
Après une mammectomie, les réactions sont variables. Si certaines femmes apprécient encore d'être caressées dans la zone de la cicatrice, d'autres ne supportent plus les caresses sur la cicatrice ni sur la partie du sein restante et sur le mamelon.

LA RECONSTRUCTION 

Elle rétablit la forme du sein et permet aux femmes d'être mieux dans leur corps et elle les aide à se sentir plus attirantes et à tendre à revenir comme elles étaient avant.
Cependant, quelles que soient les techniques employées, la chirurgie de reconstruction ne peut pas restaurer toutes les sensations d'avant l'acte chirurgical, en particulier, la sensation de plaisir par le toucher du mamelon disparaît dans un sein reconstruit. Ceci est la conséquence de la section, au cours de l'intervention, du nerf situé dans le tissu profond du sein qui conduit le plaisir au mamelon. Un mamelon reconstruit est beaucoup moins sensible.
La sensibilité de la peau du sein entier peut être aussi diminuée temporairement ou définitivement. Avec le temps, la peau de la zone reconstruite devient plus sensible mais elle ne procure jamais le même plaisir qu'avant la mammectomie.

LES CONSÉQUENCES

La chirurgie et/ou la radiothérapie du sein n'altèrent pas le désir sexuel en lui-même. Elles n'affectent pas les sensations génitales ou la capacité à atteindre l'orgasme.
Certaines études récentes ont montré que la plupart des femmes opérées à un stade précoce du cancer du sein retrouvent un plaisir sexuel normal environ un an après leur chirurgie. Elles reconnaissent avoir une qualité de vie comparable à celle des femmes n'ayant jamais eu de cancer.

Après le traitement pour un cancer de l'utérus

LE CONTEXTE

Les répercussions psychologiques sont à la fois personnelles et conjugales. Environ 20 % des patientes souffrent d'une anxiété liée à la crainte des rapports jugés responsables de la maladie initiale, de rechutes ou de complications.
Il existe également des craintes conjugales fondées sur la peur éventuelle de contagion qui peuvent se manifester alors par une baisse d'intérêt.
Douleurs, dyspareunie, sécheresse vaginale, saignements plus ou moins intriqués sont susceptibles de conduire, dans ce contexte, à un refus global de tout contact sexuel, soit par une attitude d'opposition agressive qui perpétue le symptôme, soit dans un abandon progressif qui peut aboutir à l'indifférence à l'égard de toute autre relation.
La baisse de la libido, observée dans un tiers des cas, n'est pas seulement la conséquence directe ou indirecte d'un effondrement du niveau de sécrétion hormonale liée à la ménopause induite.
lorsque la maladie et son traitement surviennent dans un couple uni, attentif, jouissant d'une bonne qualité des rapports sexuels avant le diagnostic de cancer, la période post-thérapeutique n'en sera que mieux vécue.

LES PROBLEMES "MÉCANIQUES"

La vie sexuelle est altérée surtout au cours de l'évolution des cancers du col utérin en raison à la fois de l'atteint de l'appareil génital et aux effets secondaires  et séquelles des traitements.
Les traitements pour guérir ce cancer sont à l'origine de perturbations locales dans plus de la moitié des cas avec :

  • Un raccourcissement du vagin par hystérectomie
  • Une sensibilité de la cicatrice au niveau du fond du vagin
  • Une rétrécissement ou sténose consécutive aux rayons du tiers ou de la moitié supérieure du vagin qui est, normalement, la zone la plus extensible
  • Une sécheresse et une fragilité de la muqueuse pouvant être à l'origine de saignements
  • Un état inflammatoire douloureux aigu ou chronique de la région

 

CE DONT SE PLAIGNENT LES PATIENTES...

Une dyspareunie
C'est le trouble le plus fréquent rapporté par 40 à 50 % des patientes. Il est, à la fois, la traduction d'une difficulté mécanique et de l'expression d'autres facteurs.
Une douleur peut être déclenchée dès l'amorce de la pénétration ou plus profondément à la distension des tissus remaniés vaginaux.
Les symptômes peuvent aller d'une gêne pénible à une douleur intense, rendant impossible tout rapport sexuel et installant une crainte tenace.
Parfois, cette douleur peut également s'accompagner d'une contracture réflexe des muscles pelviens. Alors, tout effort du partenaire pour tenter de vaincre un tel obstacle peut devenir un facteur aggravant.

Un saignement
Un éventuel saignement déclenché par l'irritation d'une muqueuse fragilisée peut constituer une cause supplémentaire d'angoisse en ravivant le souvenir des premières manifestations du cancer et faisant redouter une rechute locale.

La sécheresse vaginale
Elle peut se traduire par des démangeaisons, des sensations de brûlures, une inflammation, une dyspareunie et pouvant aller jusqu’à des ulcérations ou saignements vaginaux spontanés ou post-coïtaux majorés avant les hormonothérapies associées.

CE N'EST PAS UNE FATALITÉ...

Les chiffres
Une essai portant sur 332 femmes âgées de 26 à 80 ans et traitées par un cancer du col utérin à un stade initial à étudié les modifications vaginales et sexuelles chez les patientes après traitement par rapport à un groupe témoin de 489 femmes
Les résultats ont montré que  68 % d'entre elles contre 72 % pour le groupe témoin avaient des rapports vaginaux fréquents.
 
Des solutions existent…
Ces désagréments peuvent être atténués par des mesures relativement simples.

  • Des traitements topiques au long cours ou par intermittence en fonction de la symptomatologie avec de l'acide hyaluronique (Replens™ gel vaginal 2 à 3 fois/semaine et avant un rapport sexuel
  • Un traitement hormonal sous forme de crème vaginale ou d’ovule contenant un œstrogène comme la promestiène (Colpotrophine™ ou Colposeptine™) ou œstriol (Trophigil™, Physiogine™ - ovule ou crème - ou Florgynal™). Souvent, on vous proposera de l’associer à un antiseptique au début.
  • Une rééducation périnéale
     

Pour certaines patientes, l’utilisation d’un dilatateur ainsi que des lubrifiants vaginaux peuvent être utiles lors des premiers rapports sexuels

Après le traitement d'un cancer de l'ovaire

Comme pour les cancers de l’utérus, la suppression des règles et l'impossibilité de procréer sont les deux conséquences directes de l'hystérectomie.

Certaines femmes peuvent avoir un sentiment de perte qui peut rendre l'intimité difficile. Un groupe de soutien et l'aide du partenaire peuvent aider à surmonter ces problèmes.

Cependant, l’hystérectomie n’implique pas changement dans la vie intime. Le désir et les rapports sexuels ne sont pas affectés par la chirurgie. Les rapports sexuels peuvent reprendre entre 4 à 8 semaines après la chirurgie.

Après le traitement d'un cancer du rectum

POURQUOI ?

Même en dehors d'une amputation complète suivie d'une colostomie définitive, le chirurgien peut léser ou sectionner les nerfs du vagin qui passent à proximité du rectum. Dans ce cas, la sensibilité du vagin est modifiée..

LES CONSÉQUENCES

Tout d'abord, il est important que dans la plupart des cas l’orgasme n’est ni diminué ni absent.
La colostomie entraîne une modification de l’image du corps, à laquelle vont s’associer des peurs tout à fait légitimes, comme celle de la maladie elle-même et celle de la poche comme, le risque de fuite, d’odeurs.
Les rapports sexuels peuvent être, au début douloureux et peu confortables en raison de la disparition du rectum qui soutenait le vagin en arrière. Le vagin peut être moins lubrifié si les ovaires ont été enlevés en même temps que le rectum.

QUE FAIRE ?

Tout d’abord, le couple doit choisir les positions qui rendent l’acte sexuel plus facile et plus agréable. Ensuite, la rééducation périnéale peut être utile. Enfin, pour lutter contre la sécheresse vaginale, un traitement substitutif hormonal s’il n’est pas contre-indiqué et/ou un lubrifiant local peuvent faciliter l’acte sexuel.

Contraception orale et risque de cancer

 

Cancer Impact sur le risque de développer un cancer
Sein Discrète augmentation du risque (RR : 1,2 à 1,6 selon les études) Disparition après 10 ans d’arrêt
Ovaire Diminution du risque de 30 à 50 %, qui persiste jusqu’à 30 ans après l’arrêt
Une réduction du risque est également retrouvée chez les utilisatrices de DIU au LNG à 52 mg.
Endomètre Diminution du risque de 30  à 50 %, qui persiste jusqu’à 30 ans après l’arrêt
Une réduction du risque est également retrouvée chez les utilisatrices de DIU au LNG à 52 mg.
Col de l'utérus Discrète augmentation du risque : RR 1,5 à 3,3 si longues durées et infection par papillomavirus (HPV)
Colorectal Diminution du risque relatif d’environ 20 %, qui persiste plus de 35 ans après l’arrêt

Mise à jour

6 mai 2023