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De la perte des cheveux

Les cheveux...

QUELQUES NOTIONS DE BASE...
La tige du cheveu, ou tige capillaire

Elle sort de la peau et, à son origine, il y a le follicule pileux (bulbe) autour duquel on retrouve, les vaisseaux sanguins et les nerfs. La zone péri bulbaire est la zone nourricière du cheveu.
La tige capillaire est composée de protéines soufrées, essentiellement de la kératine. C’est la substance qui détermine la résistance du cheveu et sa souplesse. Les pigments déterminent la couleur des cheveux.
Quelques chiffres pour fixer les idées..
Dans notre chevelure, nous avons entre 100 000 et 160 000 cheveux, soit 250 à 350 cheveux par cm² et 5 millions de poils sur le corps.

LE RENOUVELLEMENT DES CHEVEUX
Environ 95 % des follicules pileux sont en phase de croissance. Les cellules des follicules se multiplient toutes les 12 à 24 heures ce qui se traduit par une vitesse de pousse des cheveux mensuelle de 1 à 2 cm et des poils de 0,1 à 0,5 cm.
Le renouvellement naturel permet de compenser la perte d’environ 100 cheveux par jour. Une chute de plus de 150 cheveux par jour est une chute excessive.
Un cheveu se renouvelle environ 25 fois au cours d’une vie. Le cycle de vie pilaire est classiquement divisé en quatre phases successives :

  1. La phase anagène de croissance pilaire qui dure de quatre à six ans
  2. La phase catagène ou de régression qui est une phase courte de trois semaines caractérisées par une apoptose massive et une rétractation du follicule ;
  3. La phase télogène (ou de mort) qui dure trois mois et qui s’achève par l’expulsion du cheveu. Ce délai de trois mois est un paramètre important à considérer car il explique pourquoi dans certaines situations, comme dans l’effluvium télogène, la chute de cheveux intervient trois mois après le facteur déclenchant ;
  4. La phase kénogène (ou de latence) qui dure de deux à douze mois et qui correspond à une phase de dormance du bulbe, précédant une nouvelle phase anagène.

Normalement la répartition des différentes phases du cycle pilaire est de 85 % en phase anagène, 1 % en phase catagène et 14 % environ en phase télogène. 
Chez l'homme, contrairement à certains animaux qui muent, les follicules évoluent de manière indépendante. Un cuir chevelu d’un individu sain est composé d’environ 85 % de cheveux en phase anagène, 1 à 2 % de cheveux en phase catagène et 15 % cheveux en phase télogène.

Avec la chimiothérapie

CONVENTIONNELLE
Elle peut selon les molécules, entraîner une chute des cheveux et des poils car ces médicaments affectent la croissance des cellules des follicules pileux. Ceci se traduit par un éclaircissement de la chevelure et, dans certains cas, une chute totale des cheveux.
Les agents alkylants (cyclophosphamide et ifosfamide), les anthracyclines (doxorubicine et daunorubicine), les taxanes poisons du fuseau ( docétaxel et paclitaxel) et l’étoposide représentent les agents ayant les effets les plus fréquents et les plus marqués.
Votre oncologue vous informera si les médicaments que vous allez recevoir sont susceptibles ou non de provoquer une chute de cheveux et quelle en sera l’évolution. Le tableau ci-dessous vous donne le risque de perdre les cheveux en fonction du traitement prescrit.

AVEC LES THERAPIES CIBLEES
La perte des cheveux survient tardivement après trois à quatre mois de traitement. Elle est très variable selon les molécules et leur mode d'action :

On observe une alopécie avec une chute des cheveux sur les golfes temporaux et sur le vertex mimant une alopécie androgénique. Elle s’accompagne d’une modification de la texture des cheveux qui deviennent duveteux, fins, fragiles, bouclés et difficiles à coiffer.
En outre, un duvet du visage peut apparaitre tardivement, principalement avec l’erlotinib et disparaître  à l’arrêt du traitement.
Un allongement des cils ou trichomégalie ciliaire qui correspond à une pousse anarchique sous forme d’amas de cils, peut apparaître après plusieurs mois de traitement.

AVEC L'IMMUNOTHERAPIE

Les incidences suivantes ont été rapportées : 2 % pour l’ipilimumab et le nivolumab et 4 % pour le pembrolizumab.
L’alopécie immuno-induite primitive est une atteinte directe du follicule pileux par un mécanisme d’auto-immunité lymphocytaire.
L’alopécie immuno-induite secondaire est causée par une maladie (principalement dysimmunitaire) induite par un inhibiteur des points de contrôle immuniataires et dont
une des conséquences est l’apparition d’une alopécie.
Elle peut revêtir différents aspects cliniques selon la maladie incriminée.

 

 

Grades

Critères

Médicament en cause

0

Pas d’alopécie

Anticorps monoclonaux, bortezomib

1

Peu alopéciant

Sels de platine, 5 FU, carmustine, gemcitabine
Inhibiteurs de tyrosine kinase

1 - 2

Peu à moyennement alopéciant

Bléomycine, mitoxantrone, méthotrexate

2

Moyennement alopéciant (en plaques)

Cytarabine, irinotécan, alcaloïdes de la pervenche, 
Vismodegib

2 - 3

Moyennement à très alopéciant

Phosphamides, topotécan

3

Très alopéciant (perte totale)

Anthracyclines, taxanes

 

Variable

Thérapies ciblées
Immunothérapie

 

Avec la radiothérapie...

Deux indications de radiothérapie peuvent mener à une alopécie :le traitement des tumeurs primitives du système nerveux central et le traitement des métastases cérébrales.
Les études ont montré que la dose seuil conduisant à une dépilation temporaire était située entre 0,75 et 2 Gy et que la dose de 8 et 16 Gy était associée à une alopécie définitive.
Plusieurs facteurs importants sont : la dose par fraction, l’étalement, la dose totale, le type de rayons utilisés (photons ou protons), l’utilisation d’un "boost" sur une zone cérébrale, la surface et le volume d’irradiation, l’utilisation d’un traitement concomitant, le capital capillaire et certains facteurs génétiques.
La perte de cheveux apparaît chez 75-100 % des patients traités par radiothérapie pan-encéphalique lorsque laa dose par fraction est supérieure à 2 Gy, avec une repousse entre deux et quatre mois après la dernière irradiation.
L'alopécie persistante se définit par une persistance de l’alopécie plus de six mois après la fin du traitement par radiothérapie. Sa prévalence estimée serait de 60 % en cas de radiothérapie pan-encéphalique. Le risque serait plus élevé pour des doses de 36 Gy ou plus.

En cas d'une hormothérapie

 

Traitement

Fréquence (%)

Toutes hormonothérapies confondues

≅ 5 %

Toutes combinaisons d’hormonothérapies confondues

≅ 10 %

Cancer du sein

Tamoxifène (SERM)

≅ 10 %

Tamoxifène (SERM) puis anastrozole (inhibiteur de l'aromatase - IA)

≅ 15 %

Anastrozole, létrozole ou exémestane (IA)

≅ 2 %

Exémestane (IA) + aminoglutethimide

≅ 10 %

Anastrozole (IA) + goséreline (agoniste de la GnRH)

≅ 25 %

IA + fulvestrant

≅ 8 %

Fulvestrant

≅ 2 %

Létrozole (IA) + palbociclib (aCDK4/6)

≅ 22 %

Fulvestrant (AE) + palbociclib (aCDK4/6)

≅ 15 %

Létrozole (IA) + ribociclib (aCDK4/6)

≅ 33 %

Cancer de la prostate

Leuproréline (aGnRH)

≅ 10 %

Flutamide, bicalutamide, nilutamide, abiraterone, enzalutamide (Anti-androgènes)

≤ 1 %

COMMENT CELA SE PASSE-T-IL ?

En l’absence de radiothérapie crânienne associée, l’alopécie chimio-induite est dans l'immense majorité des cas réversible , donc temporaire.
La chute débute vers le 10ème jour après le début du traitement et est maximale au bout de 2 mois. Elle peut être uniforme ou par touffes.
Dans certains cas, si la chute est intense, elle s’accompagne d’une dépilation plus générale, axillaire et pubienne. Les cils et les sourcils sont les derniers touchés.
L'alopécie est fonction de la voie d’administration. La chimiothérapie par voie orale et les perfusions hebdomadaires sont moins alopéciantes que les fortes doses et associations de médicaments.

LA REPOUSSE

Elle débute 4 à 6 semaines après la dernière cure de chimiothérapie et se fait à la vitesse normale, soit environ 1 cm par mois.
Il faut savoir que la texture et la couleur peuvent être modifiées après la rechute et souvent, les cheveux de repousse sont plus souples, plus frisés ou ondulés. Le blanchiment des cheveux par l’âge peut être accentué.
En cas de traitement par les anthracyclines (doxorubicine, épirubicine) ou les taxanes (Taxol™ ou Taxotère™), la repousse  des cheveux  peut être lente ou sub-optimale.

Que faire ?

La radiothérapie et la chimiothérapie ayant pour effet secondaire possible la chute des cheveux, celle-ci est inéluctable et il n'y a pas de mesures spécifiques à prendre car, à ce jour, il n’y a pas de médicaments efficaces pour prévenir la chute des cheveux.
Chacun répond différemment en apprenant qu'il peut perdre tout ou une partie de sa chevelure et il n'y a pas de réponse standard appropriée. Ce qui est important est de faire ce qui vous convient le mieux personnellement.
Des solutions simples, telles que le port d’une casquette, pour les hommes ou d’un fichu, pour les femmes, peuvent se révéler acceptable. Si vous avez des cheveux longs, le fait de les faire couper court, peut aider à diminuer l'impact de leur chute lorsqu'elle se produira.

UNE PERRUQUE OU PROTHÈSE CAPILLAIRE

VOUS PROJETEZ D'ACHETER UNE PERRUQUE...
Prenez un rendez-vous avec un styliste en perruque dès que possible. Il est plus aisé d'assortir la couleur et la texture d'une perruque si vous avez encore vos cheveux naturels. Quand la chute commence, elle est souvent rapide et le styliste peut n'avoir alors que la seule description de votre chevelure et/ou des photos pour se guider. Si la chute des cheveux commence avant votre rendez-vous, conservez quelques mèches et apportez-les à votre rendez-vous.

C'EST TROP CHER...
C’est vrai... Le prix d'une perruque sur mesure varie de 150 à 1000 €.
Il faut savoir qu’une partie du coût est, sous certaines conditions, pris en charge par l’assurance maladie. Le tarif de responsabilité est de 76,22 €. Certaines mutuelles couvrent l'achat de perruques. Informez-vous auprès de votre mutuelle sur les conditions de remboursement des frais d'esthétiques occasionnés par la maladie.
Vous pouvez acheter une perruque standard moins chère et la faire travailler par un professionnel. De nombreux salons de coiffure sont spécialisés pour les perruques et offrent leurs services. Le coût total, est souvent, moindre que celui d'une perruque sur mesure.

chimiothérapie

LE CASQUE RÉFRIGÉRANT

LE PRINCIPE

Le  refroidissement du cuir chevelu
Il provoque une vasoconstriction des vaisseaux du cuir chevelu, minimisant ainsi les contacts entre, d’une part, les molécules
médicamenteuses du traitement et, d’autre part, le cuir chevelu et les follicules pileux.
Pour prévenir l'alopécie, la température du cuir chevelu doive être réduite à 22-24 °C ou moins. Pour atteindre cette température, un refroidissement du cuir chevelu de 20 à 30 minutes est nécessaire.

Les conséquences
L'absorption cellulaire de certaines molécules médicamenteuses, telle que la doxorubicine, se faisant à un certain niveau de température, le refroidissement
des cellules a également l'avantage théorique de réduire l’action de ces molécules médicamenteuses au niveau de la zone concernée, et par conséquent de limiter la chute des cheveux.
De plus, un refroidissement du cuir chevelu peut diminuer l’activité mitotique des follicules pileux, ce qui les rendrait moins sensibles aux effets toxiques des
médicaments de la chimiothérapie.
De ce fait, il est contre-indiqué en contexte de cancers à haut risque de métastases du cuir chevelu et son intérêt est limité aux chimiothérapies administrées par perfusion intraveineuse sur un laps de temps limité.

 LES CASQUES RÈFRIGÈRÈS

Des poches de cryogel
Il est rempli de gel. Il doit être mis dans un congélateur (à -70 °C) et être changé toute les 20 à 40 minutes pour garder le cuir chevelu à la température désirée.
Le casque est posé 5 à 10 minutes avant l’injection et devra être conservé jusqu’à deux heures après la fin de l’administration. On vous protègera les oreilles à l’aide de compresses.
Son avantage est qu'il permet au patient de pouvoir se déplacer entre les périodes où l’on change de casque.

Les casques dits électriques, par circulation d’un liquide de refroidissement capillaire
Il fait circuler un liquide réfrigérant à base de glycol à l’intérieur de celui-ci.
Son avantage est qu'il est souvent ressenti par les patients comme étant plus léger et ne nécessite pas d’être changé à plusieurs reprises au cours du traitement.

Le bonnet DigniCap™
Il a été testé sur plus d'une centaine de femmes aux États-Unis. Il a permis de ralentir la chute de cheveux et de préserver, presque intacte, la chevelure des femmes sous traitement chimiothérapique pour un cancer du sein.

LES CONTRE INDICATIONS

Les contre-indications de l'utilisation du casque réfrigérant sont les tumeurs cérébrales et les métastases cérébrales, les cancers du poumon à petites cellules et les hémopathies malignes, en raison d'un risque accru de récidive à partir des zones protégées par le casque.

SON EFFICACITÉ

Cette méthode est efficace comme le confirme une étude récemment publiée.
Elle permet de modérer l’importance de l’alopécie, même si elle reste, parfois, difficile à supporter.

Les moyens actuels pour tenter de limiter la perte de cheveux

 

Type d’alopécie

Moyens pour traiter et ou prévenir

Tout d'abord...

Bilan capillaire et recherche d’une alopécie non liée aux traitements anticancéreux
Coupe précoce des cheveux
Prothèse capillaire et accessoires textiles
Utilisation des techniques de camouflage (tatouage, pigmentation, poudre de kératine)
Faire appel à une esthéticienne

Chimio-induite (ACI)

Prévention de la chute : casque réfrigérant
Accélération de la repousse spontanée : minoxidil 2-5 %, 2/j (pendant la chimiothérapie et jusqu’à 4 mois)

ACI persistante

Minoxidil topique 5 %, 2/j
Spironolactone

Hormono-induite

Minoxidil topique 2-5 %, 2/j
Spironolactonec

Radio-induite (ARI)

Accélération de la repousse spontanée : minoxidil 2-5 %, 2/j (pendant la radiothérapie et jusqu’à 4 mois)

ARI persistante

Minoxidil topique 5 %, 2/j
Greffe de cheveux/lambeaux, expansion cutanée
Toxine botulique type A

Immunothérapie ciblée

Dermocorticoïdes de classe IV

Thérapies ciblées 

Minoxidil topique 5 %, 2/j
± dermocorticoïdes en cas d’inflammation

Sourcils/cils

Bimatoprost gel 0,03 % (hors AMM - demander conseil)

En pratique...

N’utilisez pas de séchoir à cheveux, de rouleaux chauds ou de fer à friser car ils peuvent endommager votre chevelure et accentuer la chute des cheveux
Utilisez une brosse en soies douces et souples et un shampoing doux au pH équilibré
Ne pas décolorez ni colorez ni permanentez vos cheveux car ces soins ne peuvent qu'accélérer la chute des cheveux
Dormez sur un oreiller de satin pour diminuer l'effet de friction   

Mise à jour

13 août 2022