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La chimiothérapie

Introduction

La chimiothérapie est un traitement à base de médicaments. Elle est administrée en cycles. Chaque période de traitement est suivie d'une période de repos thérapeutique permettant la récupération des lignées cellulaires normales affectées par le ou les médicaments.
La durée totale d'une chimiothérapie est variable, selon les schémas thérapeutiques utilisés.
Le protocole de traitement est défini à l'avance par le médecin responsable mais il peut être modifié en fonction de la réponse de la maladie.
Ce traitement est le plus souvent administré en hôpital de jour. Cependant, parfois des hospitalisations sont nécessaires en raison du type de traitement ou de l'état du patient.

Les médicaments utilisés

LES CORTICOÏDES

C’est une option qui peut être proposée, au tout début de la maladie ou comme traitement d’entretien.
Dans ce cas, le corticoïde est administré selon un protocole dit pulsé, c’est-à-dire en périodes courtes, à fortes doses, suivies d’un arrêt de traitement, pour diminuer les effets secondaires.
On pourra, par exemple vous donner par voie orale 40 mg de dexaméthasone de façon pulsée, c’est-à-dire de J1 à J4, puis de J9 à J12, puis de J17 à J20.

LE MELPHALAN (ALKERAN™) SEUL

Un petit retour en arrière
Le melphalan a été synthétisé par F. Bergel et J.A. Stock en 1953 à partir d'une moutarde azotée, composant des gaz de combats utilisés durant la Première Guerre Mondiale, en substituant à un groupe méthyle l'acide aminé, phénylalanine.
L'intention des chercheurs était "d'affamer" les tumeurs grosses consommatrices de phénylalanine ou de tyrosine comme le mélanome malin, en leur administrant un "leurre".

Le melphalan
L'isomère lévogyre, considéré comme le plus actif, fut développé et fut nommé melphalan. Il est actif en perfusion intraveineuses et par voie orale. Cet agent alkylant, initialement utilisé pour traiter des tumeurs solides, fut rapidement testé en hématologie.

LA bendamustine (Levac/Tréanda™ et génériques)
Cette molécule synthétisée pour la première fois au début des années 1960 en Allemagne de l’Est (ex-RDA), possède une structure chimique originale associant à la fois des propriétés d’agents alkylants et d’analogues des purines.
Elle est indiquée pour le traitement de première ligne du myélome multiple en association avec la prednisone chez des patients de plus de 65 ans qui ne sont pas éligibles pour la greffe autologue de cellules souches et qui présentent une neuropathie au moment du diagnostic excluant l'utilisation de traitement comportant du thalidomide ou du bortezomib (120-150 mg/m² à J1 et J2, prednisone 60 mg/m² IV ou per os de J1 à J4 ; toutes les 4 semaines).
Sa tolérance est satisfaisante avec essentiellement quelques nausées et vomissements facilement prévenus par l’utilisation des médicaments usuels, et une toxicité hématologique à type de neutropénie et de thrombopénie doses-dépendantes et réversibles.

En pratique, la durée du traitement

  1. Un an : 12 cures voire moins jusqu’à l’obtention d’une phase de plateau stable
  2. Arrêt au plateau
  3. Reprise en cas de rechute plus de 6 mois après l’arrêt

Les protocoles traditionnels

LE PROTOCOLE MP

Le protocole d’Alexanian
C’était le traitement initial standard du myélome multiple. Ce protocole est parfois appelé protocole d’Alexanian, du nom du médecin qui l’a mis au point.
L’objectif du protocole MP est d’induire une diminution modérée des globules et des plaquettes (cytopénie).
L'administration se fait en cures discontinues (reprise à J 42). Le protocole MP, par voie orale, comporte les médicaments suivants qui doivent être pris à jeun, 4 jours d'affiler (de J1 à J4) : le melphalan (Alkéran™) 9 mg/m² associé à la prednisone, un corticoïde (dérivé de la cortisone), à la dose de 100 mg. Le cycle de chimiothérapie est répété toutes les 6 semaines.
Les effets du traitement seront suivis par des examens de sang (NFS) effectués une quinzaine de jours après le début des premières cures. Les résultats permettront, si nécessaire, de moduler les doses des cures suivantes. Chaque cure est à différer si la NFS, préalable, indique un nombre insuffisant de leucocytes (< 3000/ mm 3 ) et de plaquettes (< 100 000/mm 3).

L'intensification thérapeutique
Le melphalan est alors utilisé à forte dose avec une autogreffe de cellules souches périphériques et l'administration de facteurs de croissance hématopoïétique.

LES AUTRES PROTOCOLES

Ils ont comme particularité de toujours comprendre le Melphalan et la Prednisone (MP).

  • Le MCP : Melphalan 9 mg/m² oral de J 1 à J 4 + Cyclophosphamide (Endoxan™) qui est donné à J1 en intraveineux + Prednisone 100 mg sous forme de comprimés de J 1 à J 4
  • Le V-MCP : Vincristine (Oncovin™) qui est ajoutée au MCP
  • Le VB-MCP (M2) : Bicnu™ (carmustine) à la dose de 20 mg/m² en IV à J1 qui est ajouté au V-MCP.
     

Le cycle de chimiothérapie est répété toutes les 5 semaines.
Ces protocoles sont habituellement proposés lorsque le myélome est agressif et qu’il existe une insuffisance rénale. Il est souvent considéré comme une première étape avant la greffe de moelle osseuse.

Les protocoles VAD et VAMP
Il comporte des perfusions continues d'Adriblastine™ et de vincristine associées à une corticothérapie à forte dose de dexaméthasone.

  • Vincristine (Oncovin™) : 0.4 mg IV de J1 à J4
  • Adriamycine (doxorubicine) : 9 mg/m² IV en continu de J1 à J4
  • Dexaméthasone (Soludécadron™) : 40 mg en IV de J1 à J4

Le cycle de chimiothérapie est recommencé toutes les 3 semaines pour 3 à 6 cures. Le protocole VAMP utilise la méthylprednisolone à la place de la dexaméthasone.
Ces protocoles ont des contraintes car ils impliquent des hospitalisations itératives et la pose d’une voie veineuse centrale ainsi qu'une surveillance hématologique tous les 8 jours. Le risque est une diminution des globules bancs (neutropénie) surtout entre J7 à J14 avec un risque élevé de complications surtout infectieuses.

Le protocole VBAP
Il est plus récent et son principal intérêt réside dans le fait qu’il présente moins de contraintes car la séance de chimiothérapie ne dure que quelques heures. Les protocoles dits alternés utilisent à tour de rôle le VMCP et le VBAP.

  • Vincristine (Oncovin™) : 1 mg/m² IV à J1
  • Bicnu™ (carmustine) : 20 mg IV à J1
  • Adriblastine™ (doxorubicine) : 30 mg/m² IV à J1
  • Prédnisone : 60 mg oral de J1 à J4

Le cycle de chimiothérapie comporte 3 à 6 cures, toutes les 3 semaines

LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE

Allez chez le dentiste....
Au moment du diagnostic et avant d’entreprendre le traitement.
Il est préférable d’éliminer toute source d’infection avant de débuter une chimiothérapie. La source d’infection la plus fréquente est dentaire. Si votre traitement de chimiothérapie n’est prévu que dans 2 ou 3 semaines, vous avez le temps de faire examiner et traiter vos dents chez votre dentiste, avant de débuter.

Une prise de sang sera systématiquement réalisée avant la chimiothérapie
 Elle faite pour s’assurer du bon fonctionnement d’organes essentiels pour le métabolisme et l’élimination des médicaments, tels que le foie et le rein. Dans cette prise de sang, il sera également vérifié que les cellules circulantes du sang (globules blancs, globules rouges et plaquettes) sont à un taux satisfaisant, car ce sont les cellules saines de l’organisme dont la production est la plus sensible aux médicaments de la chimiothérapie. Si le taux de globules rouges (ou plus précis, le taux d’hémoglobine) est trop bas, il vous sera proposé de recevoir une transfusion de sang (culots globulaires) avant de réaliser la chimiothérapie.

Certains médicaments de chimiothérapie peuvent présenter une toxicité orientée vers certains organes précis....
Des examens peuvent alors être utiles pour vérifier que cet organe fonctionne de façon satisfaisante chez vous avant d’administrer le médicament. Ainsi, une échographie ou une scintigraphie cardiaque est souvent proposée avant d’administrer certains médicaments comme les anthracyclines qui peuvent être toxiques sur le cœur à des doses plus importantes que les doses habituelles.

Mise à jour

1er janvier 2024